lundi 13 janvier 2014

Par amour… sans raison



Qu'est-ce qu'on n'accomplirait pas par amour? Par amour l'homme, au sens de l'être humain, prouve quotidiennement sa capacité à faire tout et n'importe quoi, dans les limites de l'acceptable comme dans l'inacceptable, l'intolérable. Mais l'on s'éloigne car l'amour n'est souvent pas ou plus la raison qui explique le n'importe quoi, il en est l'excuse devenue irrecevable au fil du temps.

Qui oserait prétendre que Johan Vermeersch n'aime pas le Daring de Molenbeek ou le RWDM ou le FC Molenbeek Brussels Strombeek ou le FC Brussels ou encore le RWDM Brussels? Certes il y a bien eu, il y a longtemps de cela alors qu'il avait encore des crampons aux pieds, ce flirt de plusieurs années avec Courtrai et une petite passe à La Gantoise, mais les jolies flamandes n'ont jamais foudroyé Johan comme Molenbeek l'a fait. Il y a débuté comme pro, comme entraîneur, comme président. Il a accepté sans compter que sa belle soit sa caisse sans fond jusqu’à s’autoproclamer « Con »! Vermeersch amoureux fidèle? Personne n’oserait prétendre le contraire.

Sauf qu’au fil des années, l’amour s’est étiolé, il s’est banalisé, la routine en résumé. L’amour est intact sans doute mais son existence profonde, la passion raisonnable qui est sensée l’amener à bon port, a vécu. Les amants s’aiment, se respectent mais ne vivent plus ensemble. Ils font chambre à part. Le capitaine pense pouvoir garder le cap mais son équipage a déserté le navire. Il est seul, très seul, trop seul avec cette angoisse de l’échec amoureux. Car pour un "self made man" comme Vermeersch, l’échec s’apparente à l’insomnie garantie.

A qui la faute? A l’Union belge à qui Johan reproche de ne pas protéger ses jeunes joueurs qui partent gratuitement alors qu’ils n’ont pas encore d’acné? Aux politiques pour ne pas suffisamment promouvoir et subsidier le football bruxellois? Ou à Johan lui-même pour avoir cru qu’il allait y arriver seul sans communiquer – je l’entends encore expliquer à la presse il y 5 ans qu’il allait faire un pas de côté dans la gestion quotidienne, ça a duré une saison tout au plus - , sans collaborer, sans payer parfois, à coups de gueule, de sang, à tenter de déplacer des montagnes à la seule force de ses bras? La faute à tous mais à Johan beaucoup. Au fil des années, nombreux sont ceux qui ont voulu l’aider, qui ont cru en son amour éternel car sa belle du RWDM, eux aussi ils l’aimaient et l’aiment. Albert Cartier, Michel De Wolf, Thierry Dailly, Christophe Dessy,... - ce ne sont là que les plus récents -, je les ai côtoyé et, non, ce n’étaient pas tous des mercenaires : le club du stade Edmond Machtens ils l’avaient ou ils ont appris à l’avoir dans la peau. Johan était-il jaloux ? Ils sont tous partis un jour. 


Quant aux supporters, Johan les craint plus que tout. Amoureux inconditionnels comme lui, fidèles comme lui, passionnés comme lui, les fans et le RWDM c’est l’histoire d’une vie et d’un imaginaire collectif. Sans eux, Johan sait que toute cette histoire n’aurait jamais existé. Avec le temps, le Président s’est mis à dos ses alliés d’hier. Alors, à coup de faux espoirs, ils n’y croient plus. Les supporters craignent que Johan emporte le club de son cœur dans sa tombe. Le mariage semble bel et bien consommé. Alors pour tout le monde : puisse l’amour ne pas l’emporter sans raison quitte à vivre une vie plus modeste que la D2 belge.

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