Qu'est-ce qu'on n'accomplirait pas par
amour? Par amour l'homme, au sens de l'être humain, prouve quotidiennement sa
capacité à faire tout et n'importe quoi, dans les limites de l'acceptable comme
dans l'inacceptable, l'intolérable. Mais l'on s'éloigne car l'amour n'est
souvent pas ou plus la raison qui explique le n'importe quoi, il en est
l'excuse devenue irrecevable au fil du temps.
Qui oserait prétendre que Johan
Vermeersch n'aime pas le Daring de Molenbeek ou le RWDM ou le FC Molenbeek
Brussels Strombeek ou le FC Brussels ou encore le RWDM Brussels? Certes il y a
bien eu, il y a longtemps de cela alors qu'il avait encore des crampons aux
pieds, ce flirt de plusieurs années avec Courtrai et une petite passe à La
Gantoise, mais les jolies flamandes n'ont jamais foudroyé Johan comme Molenbeek
l'a fait. Il y a débuté comme pro, comme entraîneur, comme président. Il a
accepté sans compter que sa belle soit sa caisse sans fond jusqu’à s’autoproclamer
« Con »! Vermeersch amoureux fidèle? Personne n’oserait
prétendre le contraire.
Sauf qu’au fil des années, l’amour s’est
étiolé, il s’est banalisé, la routine en résumé. L’amour est intact sans doute
mais son existence profonde, la passion raisonnable qui est sensée l’amener à
bon port, a vécu. Les amants s’aiment, se respectent mais ne vivent plus
ensemble. Ils font chambre à part. Le capitaine pense pouvoir garder le cap
mais son équipage a déserté le navire. Il est seul, très seul, trop seul avec
cette angoisse de l’échec amoureux. Car pour un "self made man" comme Vermeersch,
l’échec s’apparente à l’insomnie garantie.
A qui la faute? A l’Union belge à
qui Johan reproche de ne pas protéger ses jeunes joueurs qui partent
gratuitement alors qu’ils n’ont pas encore d’acné? Aux politiques pour
ne pas suffisamment promouvoir et subsidier le football bruxellois? Ou à
Johan lui-même pour avoir cru qu’il allait y arriver seul sans communiquer – je
l’entends encore expliquer à la presse il y 5 ans qu’il allait faire un pas de
côté dans la gestion quotidienne, ça a duré une saison tout au plus - , sans
collaborer, sans payer parfois, à coups de gueule, de sang, à tenter de
déplacer des montagnes à la seule force de ses bras? La faute à tous mais
à Johan beaucoup. Au fil des années, nombreux sont ceux qui ont voulu l’aider,
qui ont cru en son amour éternel car sa belle du RWDM, eux aussi ils l’aimaient
et l’aiment. Albert Cartier, Michel De Wolf, Thierry Dailly, Christophe Dessy,... - ce
ne sont là que les plus récents -, je les ai côtoyé et, non, ce n’étaient pas
tous des mercenaires : le club du stade Edmond Machtens ils l’avaient ou
ils ont appris à l’avoir dans la peau. Johan était-il jaloux ? Ils sont
tous partis un jour.
Quant aux supporters, Johan les craint
plus que tout. Amoureux inconditionnels comme lui, fidèles comme lui, passionnés
comme lui, les fans et le RWDM c’est l’histoire d’une vie et d’un imaginaire
collectif. Sans eux, Johan sait que toute cette histoire n’aurait jamais existé.
Avec le temps, le Président s’est mis à dos ses alliés d’hier. Alors, à coup de
faux espoirs, ils n’y croient plus. Les supporters craignent que Johan emporte le
club de son cœur dans sa tombe. Le mariage semble bel et bien consommé. Alors pour
tout le monde : puisse l’amour ne pas l’emporter sans raison quitte à
vivre une vie plus modeste que la D2 belge.
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